Oh =O c'est quoi ça ?! [PV : Koko]

Une bonne douche chaude, quoi de mieux après une journée à l’université, puis un repas avec l’empereur et le premier ministre? Certes, le premier était le père de notre ténébreux préféré, mais pas le second! Dîner avec le premier ministre voulait dire veston cravate et repas somptueux. Des discussions sur la politique et l’économie. De la bienséance à n’en plus finir. Après une telle soirée, Makoto avait besoin d’évasion. Maintenant. C’était urgent!

Donc il avait eu tôt fait de retirer ce costume de pingouin dès qu’il était rentré à ses appartements. Il s’était exposé à une douche chaude qui en plus de le détendre lui ferait oublier ces discussions un peu rasoirs. Pas que Makoto ne s’intéressait pas à son pays, mais il y avait des soirs comme ce soir où son devoir lui pesait plus qu’à d’autres moments. Sous cette eau bienfaitrice, il ne rêvait que de son évasion. Il avait un grand besoin d’un bar, d’une bière et de ses amis qui se fichaient pas mal de l’avenir des grandes compagnies de ce pays. Il avait juste envie de s’amuser comme un garçon normalement constitué de son âge a envie de faire le soir.

Une fois sorti de la douche, le prince revêtit un jeans bleu clair passablement usé, un t-shirt vandalisé par Yuna qui disait « emmerdeur de l’année », des bottes et une veste en cuir noires et un bonnet, noir également, bien visé sur sa tête vu le chemin qu’il allait faire dehors. Il ne faisait pas si froid, mais tout de même. Comment justifier un rhume alors qu’il ne pouvait pas dire qu’il était sorti? Mieux valait ne pas prendre de risque!

Mais bon, si vraiment il ne voulait pas prendre de risque, le ténébreux serait resté sagement dans ses appartements au lieu de s’habiller de la sorte pour filer en douce dans la nuit noire. Pourtant, on ne peut parfois pas résister à nos dépendances qui se sont transformées, au fil du temps, en besoin. Certains étaient accros à la cigarette, Makoto était accro à sa double vie et à son autre lui, Satoshi.
Prêt à partir, donc, il avait son portable en main, prêt à texter Akira pour lui dire qu’il débarquait et qu’il était urgent d’aller faire un tour, Makoto eut un sursaut lorsqu’il entendit du bruit l’interrompre dans son entreprise. Concentré, impatient, il n’avait pas du tout entendu Ai entrer dans ses appartements et approcher.

Chose qui aurait été bien pratique. Que faire maintenant? Il était évident qu’il ne s’apprêtait pas à aller au lit vêtu comme il était x_x

-Hum… Salut.

Il tenta un sourire, mais qui n’était pas très convaincant. Vite une excuse, il fallait très vite une excuse. Mais que dire? Pas une fois dans sa vie Ai ne l’avait vu attifé comme ça! Il fallait ruser, mais surtout faire rusé et très rapide…

-Absolument pas!

Évidemment que si elle dérangeait! Remarquez, il valait presque mieux qu’elle le prenne sur le départ au lieu d’arriver une fois que lui était parti. Parce qu’un Makoto disparu aurait causer commotion dans tout le palais puis dans toute la ville. Malgré le trouble qui venait de s’abattre sur le ténébreux, il avait frôlé une catastrophe.
Mettant la fonction appareil photo sur son portable, Makoto se montra à la hauteur du maître d’improvisation qu’il était devenu en mentant sur ses journées lorsque les amis de Satoshi lui posaient des questions.

-Un pari stupide avec Eichi et j’ai perdu. Je devais porter ça et me prendre en photo comme preuve. Tu tombes à pique, tu vas pouvoir la prendre pour moi!

Bien rattraper. Mais va-t-elle te croire?
Espérons-le, sinon, on est foutu x_x

Koko t’es un as. La tromperie ça te connaît!
Certes, ceci n’était probablement pas un compliment, du moins en temps normal, mais pour notre prince et sa double vie, la tromperie était devenue une nécessité, voir même un moyen de subsistance. Bon, peut-être pas à ce point là. Il lui suffisait de ne pas commettre l’acte stupide de prendre la poudre d’escampette pour changer de vie lorsque l’envie s’en faisait sentir, mais chaque fois que sa conscience lui rappelait ce détail, Makoto rétorquait intérieurement que cette autre vie était sans doute ce qui lui permettait de supporter celle-là.

Bref, trouvant une excuse à la va vite, il remercia presque Kami-sama d’avoir un ami comme Eichi. Ce n’était pas contre le jeune homme, mais il fallait se faire une raison, avec un jeune homme comme lui dans son entourage, ça donnait une bonne porte de sortie lorsqu’il arrivait des choses comme… maintenant! Pris le fait. Un moment plus tard et Ai débarquait au moment où il passait sa fenêtre. Il aurait été plus compliqué de lui expliquer pourquoi il sortait par sa fenêtre en plein hiver tard le soir…

Le coup du pari et de la photo semblaient être assez convainquant pour Ai. Heureusement, sans quoi Makoto aurait été pris au piège. Il aurait pu pleurnicher sur le fait qu’elle ne lui faisait pas confiance, certes, mais ce n’était pas du tout le genre de Makoto. Plutôt celui de Satoshi, en toute franchise.
Peu importe, l’important était qu’elle le croyait qu’elle avait pris le portable tendu pour faire cette photo bidon qu’il devra effacer lorsqu’elle sera partie. Soyons franc, si jamais un de ses amis, qu’ils soient du côté Makoto ou Satoshi, il aurait un mal fou a expliquer son accoutrement au milieu d’un appartement royal x_x Les premiers pour l’accoutrement de « clochard », les deuxièmes pour l’arrière plan somptueux.

Sans réfléchir, lorsqu’elle demanda un sourire, le ténébreux fit un large sourire avec un singe de peace. Le sourire, d’accord. Le signe de peace, peut-être un peu trop. Mais, ayant été pris au beau milieu de son changement d’identité, le prince était perturbé et ne réfléchissait qu’à moitié. Donc, pas assez pour retenir le peace qui s’était retrouvé de lui-même sur la photo. Pas vraiment conscient de son geste, il s’était contenté de reprendre son portable après la photo, ajoutant un petit :

-Merci.

au passage, pour Ai qui venait de, soit disant, lui rendre service. Puis il fit descendre son regard sur le coin de col que la demoiselle venait de lui remettre en place avant de secouer un peu la tête et de retirer le bonnet qu’il avait sur le crâne. Il pouvait dire adieu à sa petite évasion nocturne pour ce soir! Passant une main dans ses cheveux pour y mettre un peu d’ordre, Makoto rangea le bonnet dans la poche du blouson en cuir.

-Uh? Ah, oui, évidemment. Comme si je pouvais avoir ça dans ma penderie.

Il lui glissa un second sourire empli de fausseté. Il avait horreur de faire ça. Mentir. Mais il fallait ce qu’il fallait pour préserver son secret. Parce que c’est bien connu, le meilleur moyen de faire voler un secret en éclat est de le dévoiler à quelqu’un. Lorsqu’on ne veut pas qu’une bêtise se sache, on la fait seul!
Sortir? Le sourire de Makoto, aussi faux soit-il, s’évapora en un éclair. Il comptait bel et bien sortir, il aurait sans problème affronté le froid, mais maintenant tous ses plans étaient à l’eau et ce n’était pas comme s’il allait l’admettre à Ai!

-Sortir comme ça? Voyons Ai-chan, ça ne me ressemble pas du tout.

Retirant le blouson en vitesse, le ténébreux le posa sur le bras d’un fauteuil. Ce n’était pas le moment d’ouvrir la malle au fond de sa penderie où il cachait ses vêtements de Satoshi!

-Où pourrais-je bien aller de toute façon?

Un point. À cette heure, à moins d’être à un gala ou un souper X, le prince ne sortait pas! Satoshi sortait tout le temps oui, mais on ne parle pas de lui pour le moment!

C’était pour ainsi dire la première fois que Makoto se retrouvait dans cette position délicate et il fallait bien admettre qu’il n’aimait pas ça du tout. Normalement, tout était calculé. Personne n’entrait dans cette chambre et il avait le temps de réagir. Mais pas cette fois. Cette fois il était coincé face à Ai dans un accoutrement qu’elle ne lui aurait probablement jamais imaginer même dans ses rêves les plus cinglés. Rêvait-elle à lui, seulement? Il ne pouvait même pas le dire. En un flash éclair, le prince prit conscience qu’il ne la connaissait que très peu. Déjà très occupé avec sa vie royale, comme si ce n’était pas suffisant, il s’en était rajouté une autre par-dessus le marché! Maintenant il n’avait plus le temps pour rien, prenant tout son temps pour vivre et dissimulé son secret. Il ne restait que très peu de temps pour Ai et ce n’était pas suffisant pour savoir grand-chose sur elle…

Et sa question le surpris d’autant plus, puisqu’il ne s’attendait pas à ce genre de mots dans la bouche de la demoiselle. Aller quelque part? Où était passée la véritable Ai? Celle qui ne déroge jamais de ce qui doit être fait? La regardant donc avec un petit air surpris, le ténébreux reprit tout de même contrôle de son expression en fronçant les sourcils. Faisant mine d’être songeur à la question, il se dirigea vers ses tiroirs pour sortir des vêtements un peu plus aptes à sa future soirée où il ne sortirait plus.

Que dit-on, en temps normal, face à une telle question? Makoto n’est pas supposé franchir les grilles du palais trois ou quatre soirs par semaine depuis environ cinq ou six ans. Il n’est pas supposé connaître la vie au dehors, ni être adapté à celle-ci.
Et dans l’absence de réponse satisfaisante, mieux valait y aller par la négative.

-Ce n’est pas comme si je pouvais me le permettre Ai-chan.

Ayant finalement de quoi se changer, Makoto se dirigea vers sa salle de bain personnelle. L’ambiance n’étant pas à son meilleur, il fallait trouver quelque chose pour la faire changer au plus vite. Il préférait éviter de rester sur cette note négative qui donnait l’impression qu’il avait une vie totalement cruelle.

-Mais toi, si tu le voulais, tu pourrais! Ce n’est pas comme si tu devais être encadrée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Lui glissant un sourire, il pénétra dans sa salle de bain, laissant la porte avec une toute petite ouverture pour pouvoir bien entendre la demoiselle si elle se décidait à lui répondre pendant qu’il se changeait.
Retirant donc le jeans et le t-shirt pour passer un pantalon et un chandail un peu plus appropriés, le ténébreux en profita également pour effacer cette photo qui pourrait lui causer de nombreux ennuis si elle venait à être découverte par mégarde. Mieux valait le faire pendant qu’il y pensait encore!

Ressortant de la salle de bain, Makoto posa le reste des vêtements sur le blouson avec une expression possédant une certaine déception. Lui qui se faisait une telle joie de pouvoir sortir ce soir, chose qu’il n’avait pas pu se permettre depuis quelques jours déjà. Ses amis lui manquaient et avait de plus en plus besoin d’une soirée loin de ce palais et de ses convenances.
Il lui fallait sa dose de rire et d’actes stupides qui sont totalement imprévisibles tant qu’ils n’ont pas été commis. Il avait besoin d’une conversation sans queue ni tête avec Tai. D’un peu de taquinerie avec cette pauvre Chiaki. Il avait même envie de se chamailler contre le duo de naine, Yuna et Riina, pour savoir quelle chanson ils mettraient au karaoke!

C’était pour dire à quel point c’était rendu grave mes amis! Makoto avait un énorme besoin de se retrouver dans la peau de son autre lui. Pourtant, ce ne sera pas ce soir que ça se produira… Encore une fois.